Hardware ou… streetwear?
Entre-temps, l’air est connu: dans les grandes surfaces, les clients ne mettent pas seulement du café, des boîtes pour chats et des kiwis dans leur caddie, mais de plus en plus souvent des imprimantes à jet d’encre voire même des notebooks. Mais le matériel informatique entre des emballages Armani et Hugo Boss, c’est – au propre comme au figuré – encore une autre paire de manches. Et pourtant, on va le voir de plus en plus souvent, prévient Régis Vermeire, de Copaco.
Depuis la fin de l’an passé, le distributeur de Ninove a ajouté une sélection Lifestyle à son catalogue. "Les tendances, le design, la mode prennent de plus en plus d’importance. Les apparences – ou, mieux encore: le rayonnement – des accessoires de mode et des appareils d’usage courant, c’est ce qui compte, ce n’est pas la fonctionnalité. "Avant, les femmes affirmaient leur personnalité par le choix de leur sac à main, maintenant, c’est plutôt par ce qu’il contient."
Les fabricants et les revendeurs peuvent y trouver leur compte, affirme R. Vermeire. "Voyez simplement les concept stores dont Colette est un peu pionnière à Paris. On y trouve entre autres les GSM dernier cri de Samsung pour un prix bien plus élevé que dans les boutiques de téléphones ou dans les magasins de détail. Le public ne vient pas à la recherche de bonnes affaires; ces clients-ci sont prêts à mettre la main au portefeuille pour un produit qui confirme leur style de vie."
Disques durs dans un sac de créateur
En Belgique, nous voyons – en tout cas dans des grandes villes comme Anvers et Bruxelles – apparaître les premiers concept stores. Quelques-uns d’entre eux sont venus frapper chez Copaco pour acheter du matériel informatique. Le distributeur a placé une partie limitée de sa gamme dans une rubrique séparée. Seuls les magasins qui ne font pas la plus grande partie de leur chiffre d’affaire dans le matériel informatique peuvent commander dans cette rubrique. Il s’agit notamment de sacs pour ordinateurs, iPods et autres accessoires, quelques lecteurs vidéo ou audio, ainsi que des disques durs externes dans des sacs de créateurs.
Les grands distributeurs n’avaient pas répondu aux demandes de ces magasins. Du fait du faible chiffre d’affaires qu’ils fournissent, ils se sont dit que le jeu n’en valait pas la chandelle.
Chez Copaco, ils ont été les bienvenus. "Nous aimons les difficultés" sourit R. Vermeire. "C’est pour cela que nous choisissons des produits plus difficiles, comme les projecteurs haut de gamme, des appareils multifonction etc. Ces demandes nous ont semblé être un défi intéressant – une opportunité."
Copaco n’a-t-il pas craint la réaction de ses autres clients qui doivent encore une fois supporter un nouveau genre de concurrents dont les achats sont supportés par leur propre distributeur? "Ça se passe bien" affirme R. Vermeire. "Ils s’y sont déjà habitués, non? Il y a cinq à six ans, ils ont par exemple constaté que les magasins de télécoms se sont mis à vendre des notebooks et certains magasins d’informatiques ont même commencé à vendre des téléviseurs lcd ou plasma ces dernières années."
Pour Copaco, cette nouvelle clientèle est extrêmement intéressante. Avec ces revendeurs on discute bien moins des marges. Tout comme leurs clients, ils ne sont pas à la poursuite du fournisseur avec les prix les plus bas (surtout parce qu’ils pratiquent des marges élevées). De plus, la vente de produits dans ce canal est pratiquement complémentaire de ce que Copaco livre à ses clients fixes. "Le consommateur final qui achète un disque dur externe en attendant que sa copine ou un copain ait fini son essayage n’est pas vraiment celui qui va entrer dans un magasin informatique local" allègue R. Vermeire.